Quand on habite loin et qu'en plus on est brigade...témoignage.

Bonjour,

J’ajoute ma petite contribution. 

Pour commencer, quelques chiffres :

-      126 km en moyenne par jour, 2 nuits par semaine en Creuse (le lundi et le jeudi soir), étant brigade, je m’arrange pour dormir au plus près de mon école de remplacement (amis, famille, hôtels…)

-         Soit environ 500 km par semaine

-         Plus de 13 000 km depuis la rentrée de septembre, donc 18 à 19 000 km pour l’année.

Quand je suis entrée dans le métier, je n’avais absolument pas imaginé une telle distance entre mon domicile et mon lieu de travail ! A l’entrée en PE2, j’avais d’ailleurs acheté une voiture essence… A ce moment-là, mon conjoint était encore étudiant (donc rapprochement de conjoints impossible), il a ensuite passé un concours national et par miracle, il a eu un poste… en Haute-Vienne. Nous étions contents qu’il ait eu un poste dans la région. Quelques temps après, nous apprenions qu’il lui serait très difficile d’obtenir une mutation (impossible les premières années et impossible de se rapprocher de moi de toutes façons), c’est donc à moi de bouger. Mais voilà : il travaille en Haute-Vienne, je suis en Creuse, je fais ma demande de mutation et je me retrouve donc sur la très longue liste des demandes de la Creuse vers la Haute-Vienne.

Jusqu’à l’année dernière, nous étions obligés d’avoir deux logements, je ne rentrais que pour le weekend. L’obtention d’un poste à l’ouest du département  me permet maintenant de faire les trajets deux fois par semaine et d’être chez moi le mercredi, quel soulagement mais aussi quelle fatigue ! Difficile de tenir à ce rythme-là pendant plusieurs années. Pendant combien de temps, vais-je devoir faire tous ces kilomètres ?

Beaucoup de temps de route, c’est aussi une vie construite en fonction de cela :

- beaucoup de kilomètres donc des frais énormes liés à la voiture et beaucoup de temps perdu, mais aussi plus de risques d’avoir un accident

-  beaucoup plus de fatigue accumulée et donc plus de temps pour récupérer (encore plus de temps perdu)
- un rythme de vie différent (je ne compte plus le nombre de jours, semaines où je démarre le matin entre 6h et 6h30) et aussi deux soirs par semaine loin de chez moi qui pèsent parfois lourd sur le moral

-   je ne fais plus de sport depuis que je fais beaucoup de route (pas le temps et plus fatiguée)  

-  impossible de rester trop tard à l’école ou d’y aller le mercredi

-  des projets remis à plus tard : comment envisager l’achat d’une maison quand on dépense énormément pour la voiture, il y a aussi l’éventualité de devoir prendre à nouveau un deuxième logement si j’obtiens un poste très éloigné dans l’un des départements que je demande… Comment envisager d’avoir un bébé ? une maman absente deux soirs par semaine et qui rentre très fatiguée les mardis et vendredis soirs après parfois deux heures de route ? non, ce n’est pas comme cela que je vois ma future vie de maman… donc on attend…

Je demande ma mutation pour la deuxième année seulement mais je trouve que c’est déjà long…  La route, ça se fait malgré tout, mais le plus difficile au final, c’est cette impression de stagner, que la situation ne va pas s’améliorer dans les années à venir. Il est bien plus difficile de sortir de la Creuse que d’un autre département. Mais il faut garder le moral alors je me dis que ma situation n’est peut-être pas si mal que ça : j’ai la chance d’être chez moi en milieu de semaine et surtout, je pense à notre métier que j’aime tant et qui me permet de tenir et d’avoir l’énergie nécessaire devant les élèves même après parfois deux heures de route !